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Invariant n°19 de Célestin Freinet

Les notes et les classements sont toujours une erreur

La note est l’appréciation, par un adulte, du travail de l’enfant. Elle serait valable si elle était objective et juste. Elle peut l’être, partiellement du moins quand il s’agit d’acquisitions simples, de la technique des quatre opérations par exemple. Mais pour le travail plus complexe où l’intelligence, la compréhension, les notions même de comportement entrent en ligne de compte, toute mesure systématique est défaillante. Il ne faut pas s’étonner si, à ce niveau, les notes peuvent varier du simple au double selon les examinateurs, ce qui n’empêche pas d’user imperturbablement des demis ou des quarts, comme si on suivait au chronomètre.

Que dire alors des classements établis sur la base de ces notes fausses, et comment décider qu’un tel élève passe avant celui qui le suit avec quelques centièmes de points d’avance.
C’est là, manifestement, la plus fausse des mathématiques, la plus inhumaine des statistiques. Professeurs et parents y tiennent pourtant parce que dans les données actuelles de l’école, avec des enfants qui n’ont pas envie de travailler, les notes et les classements restent encore le moyen le plus efficace de sanction et d’émulation. Mais ce moyen a une contrepartie gravement dangereuse :

-Comme il s’agit de noter, et avec un minimum d’erreurs, on s’en tient en pédagogie à ce qui est mesurab1e. Un exercice, un calcul, un problème, la répétition d’un cours, tout cela peut effectivement entraîner une note acceptable. Mais la compréhension, les fonctions d’intelligence, la création, l’invention, le sens artistique, scientifique, historique, ne peuvent pas être notés. Alors on les réduit au minimum, à l’Ecole, et on les supprime de la compétition. Ils n’entrent que faiblement en compte dans les examens et concours.

Voilà la situation actuelle.
Nous y pallions :
-en donnant aux enfants le goût et le besoin de travail ; en créant une saine émulation par la compétition coopérative et sociale ;
-en mettant au point un système de graphiques et de brevets qui remplaceront un jour prochain l’usage abusif des notes et des classements.
(Nous notons avec satisfaction que les récentes circulaires ministérielles des classes de transition préconisent justement la suppression des notes et du classement).

Test :

Vous avez supprimé notes et classements que vous remplacez par les formes nouvelles de travail.VERT

Vous remplacez précautionneusement notes et classement par d’autres noms. ORANGE

Vous restez fidèles à l’ancienne tradition. ROUGE

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Balise 7

Ne vous limitez pas à des activités numériques facilement évaluables

Pourquoi les notes et classements sont toujours une erreur

Selon Freinet, il existe un problème de compatibilité entre le système des notes et classements et la pédagogie qu’il désire voir être mise en œuvre en classe. Qui dit notes suggère, selon lui, des acquisitions simples, très ciblées comme des calculs vrais ou faux ou une capacité grande moyenne ou faible de l’élève à restituer un savoir. Or, en pédagogie Freinet, le travail privilégié est souvent très complexe et entremêle (dans un temps long) divers champs de compétences moins précisément identifiables et donc moins évaluables via un système très basique de notes. Par ailleurs, Freinet fustige également ce caractère inhumain des notes qui hiérarchisent les individus d’une classe en fonction de quelques aptitudes mesurables alors que, dans une pédagogie plus ouverte comme la sienne, « chaque élève peut prendre la tête du peloton » [1] via la diversité des travaux mise en œuvre.

Facilité pour évaluer des habilités techniques dans le domaine du numérique

On constate que dans le domaine des apprentissages numériques il existe également une forme de gap entre des activités très techniques facilement évaluables (l’élève est capable de le faire ou non) et d’autres activités plus complexes. On peut effectivement évaluer rapidement la capacité d’un élève à retrouver une information sur Google ou son aptitude à paramétrer la confidentialité de son réseau social préféré. Ces skills sont le cœur de plusieurs tests de compétences numériques (issus des mondes pédagogiques ou non) et ont naturellement l’avantage d’identifier rapidement certains savoir-faire numériques des élèves. Le danger naturellement est de voir cette perception très instrumentale du numérique cannibaliser l’espace pédagogique (Freinet) au motif que les activités pédagogiques qui relèvent de cette perception sont plus faciles à mettre en place et plus faciles à évaluer.

Ne pas restreindre le champ des pratiques selon le degré de faisabilité de l’évaluation

En effet, il est bien plus complexe, pour un enseignant, d’évaluer des activités numériques qui réclament certes des habilités techniques mais aussi et surtout l’exercice de ce que Freinet appelle la compréhension ou la fonction d’intelligence. c’est-à-dire l’appropriation par l’élève de l’objet étudié, sa capacité à interagir personnellement avec son objet d’étude et à l’investir, d’une manière critique et engagée. Pour donner un exemple précis : on évalue assez facilement la capacité d’un élève à produire un tweet ou à restituer la définition d’une fake news, mais il est plus délicat de poser un jugement définitif et chiffrable sur sa capacité à évoluer d’une manière autonome, responsable et critique sur la twittosphère.

Conclusion

Une éducation au numérique en classe Freinet ne peut se contenter de reposer uniquement sur ces apprentissages techniques mesurables en raison des effets identifiés par Freinet. Cela limiterait la classe numérique Freinet à une gamme trop restreinte d’activités numériques, celles qui peuvent faire l’objet d’une évaluation. Plus grave, nous semble-t-il, cela inviterait l’élève à considérer qu’être fort numériquement parlant c’est principalement être apte à utiliser les instruments numériques mis à sa disposition en classe. Or, pour des raisons liées à la place cruciale de la citoyenneté dans l’espace Freinet, il est vraisemblable qu’une éducation numérique relevant d’une approche Freinet doit notamment s’organiser autour d’un travail critique sur les artefacts numériques, une vision qui dépasse le cadre très (trop) restrictif des habiletés techniques.

Pour aller plus loin

Je vous conseille la lecture de cet article qui expose précisément le passage nécessaire à opérer en classe entre les compétences techniques des élèves ou les savoir-faire numériques « simples » et une approche plus critique structurée autour de ce premier palier technique d’apprentissages.

Merzeau, L., & Mulot, H. (2017). Les communs : Levier pour l’enseignement (du) numérique à l’école. Hermès, La Revue, 78(2), 193‑200. https://doi.org/10.3917/herm.078.0193

[1] Les Dits de Mathieu (Delachaux et Niestlé, 1978) / https://www.icem-freinet.fr/archives/educ/47-48/11-mars48/3.pdf

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