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Invariant n°1 de Célestin Freinet

L’enfant est de la même nature que nous.

Il est comme un arbre qui n’a pas encore achevé sa croissance mais qui se nourrit, grandit et se défend exactement comme l’arbre adulte. L’enfant se nourrit, sent, souffre, cherche et se défend exactement comme vous, avec seulement des rythmes différents qui viennent de sa faiblesse organique, de son ignorance, de son inexpérience, et aussi de son incommensurable potentiel de vie, dangereusement atteint souvent chez les adultes. L’enfant agit et réagit en conséquence, et vit, exactement selon les mêmes principes que vous. Il n’y a pas entre vous et lui une différence de nature mais seulement une différence de degré.

En conséquence :

Avant de juger un enfant ou de le sanctionner posez-vous seulement la question : Si j’étais à sa place comment pourrais-je réagir ? Et comment agissons-nous quand nous étions comme lui ?

Conformez-vous loyalement à ce test :

Avez-vous fait effort pour vous imprégner de cet invariant ? VERT

Reconnaissez-vous cet invariant tout en hésitant à vous y conformer ? ORANGE

Dans votre comportement, considérez-vous souvent encore l’enfant comme d’une autre nature que vous ? ROUGE

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Balise 4

Placez-vous à hauteur d’élèves

Le rapport singulier de l’élève au numérique

Un élève n’envisage pas nécessairement l’usage d’un outil numérique de la même manière qu’un enseignant adulte. La perception du potentiel et de la valeur de certains usages numériques diffère selon l’âge et le degré de familiarisation des élèves.  En effet, pour certains élèves, la tablette, par exemple, risque d’être immédiatement associée à des pratiques récréatives parce que c’est l’unique usage de l’outil à la maison. Pour d’autres, plus grands, les réseaux sociaux sont l’épicentre de leur activité numérique. Toujours est-il que ce vécu numérique des élèves risque d’avoir une incidence sur leur comportement en classe dans le cadre de pratiques scolaires numériques, notamment en termes de motivation ou de maitrise technique des outils. Un élève qui utilise, dans son cadre familial, une tablette numérique seulement pour des pratiques récréatives aura sans doute, au début, des difficultés pour développer des usages plus matures en contexte scolaire.  De la même manière, certains élèves n’utilisent le numérique que via l’usage d’un smartphone. Ils éprouveront potentiellement des difficultés pour effectuer certaines activités tactiles complexes comme le glisser-déposer dans le cadre d’un montage vidéo.

Comment m’imaginer élève d’une école numérique ?

Cette prise en compte de la nature et du vécu numérique de l’élève est d’autant plus importante que ces outils numériques n’existaient pas quand les enseignants étaient eux-mêmes des élèves. Par conséquent, le conseil de Freinet consistant à s’interroger sur la manière dont nous agissions quand nous étions comme lui ne peut se fonder sur l’expérience vécue de l’enseignant actuel puisque, compte tenu de la modernité du numérique, il n’a pas de vécu-élève d’une situation d’apprentissage numérique. Le raisonnement proposé par Célestin Freinet reste donc, pour cette génération d’enseignants scolarisés avant le numérique, une pure extrapolation. D’autant plus que, même dans le cadre de leurs études supérieures, compte tenu de la portion congrue des cours dédiés à l’éducation par et au numérique, ces enseignants alors étudiants n’ont pas rencontré souvent le numérique en situation d’apprentissage.

Mon élève est plus habile que moi dans le domaine du numérique

Cela est d’autant plus complexe à gérer pour l’enseignant, que, bien souvent, en matière de numérique, l’élève est parfois plus expérimenté que le maître. Ce qui retourne l’axe principal de l’invariant de base présentant l’enfant, certes de même nature que l’adulte, mais encore en manque d’expérience et de connaissances. Dans le domaine du numérique, selon la catégorie d’âge des élèves, il n’est pas rare d’observer que l’élève détient davantage de compétences et de confiance à l’égard des outils.  Son degré numérique est supérieur à celui de l’enseignant. Se pose donc la question, pour l’enseignant, de savoir quoi et comment apprendre à un élève dont le degré de maitrise numérique est supérieur au sien ?

Quelques écueils à éviter compte tenu de ces asymétries profs – élèves

Dès lors, dans l’incapacité de se remémorer son vécu numérique d’élève et en difficulté pour saisir le degré réel de capacité et d’éveil numérique de chacun de ses élèves, l’enseignant risque d’adopter des comportements qui nient la nature et les désirs de l’enfant. Certains enseignants actuels ne risquent-ils pas de projeter, dans leurs choix de pratiques numériques en classe, des fantasmes d’adultes, inintéressants ou inatteignables pour leurs élèves ? A contrario, certains enseignants n’opposent-ils pas un veto à des pratiques numériques qu’ils considèrent comme absconses ou irréalisables pour leurs élèves ? Certaines pratiques numériques ne sont-elles pas écartées au motif que l’enseignant ne se considère pas à même de les encadrer compte tenu de son déficit de compétences numériques (1), ou par peur d’être considéré comme un incapable par ses élèves ?

Conclusion

A travers cet invariant revisité, on observe la tension installée par le numérique autour de cette capacité de l’enseignant à considérer l’élève de même nature alors que d’une part, il n’a jamais été lui-même un élève en situation d’apprentissage numérique et que, d’autre part, il peut y avoir un écart important entre son degré numérique et celui de ses élèves, un rapport de force qui ne sera pas nécessairement en sa faveur. Ces éléments complexifient plus encore la nécessité pour l’enseignant Freinet de se placer à hauteur de l’élève pour le juger. Notamment parce que dans le domaine du numérique, pour se mettre à hauteur d’élève, il n’est pas impossible que l’enseignant doive monter une marche plutôt que d’un descendre une, et c’est toujours plus complexe car cela induit un renversement du paradigme maître / élève.

Pour aller plus loin

Je vous conseille la lecture de l’article Compétences numériques, de quoi parle-ton? (Véran, 2015) qui met bien en perspective le fait que les enseignants ont diverses représentations de ces compétences selon leur expérience, leur espace disciplinaire ou encore l’environnement socioculturel dans lequel ils évoluent.

1. Véran, J.-P. (2015). Compétences numériques des élèves : De quoi parle-t-on ? Administration & Éducation, 146(2), 69‑74. https://doi.org/10.3917/admed.146.0069

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