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Invariant n°14 de Célestin Freinet

L’intelligence n’est pas, comme l’enseigne la scolastique, une faculté spécifique fonctionnant comme en circuit fermé, indépendamment des autres éléments vitaux de l’individu.

On dit : cet enfant est, ou n’est pas intelligent. Or, l’intelligence n’existe pas en soi : elle est comme l’émanation complexe des possibilités les plus éminentes de l’individu.

Si l’intelligence n’existe pas en soi, il n’y a pas une méthode spéciale de culture de cette intelligence. Elle est, comme la santé, une synthèse d’éléments intimement liés sur lesquels nous aurons à agir favorablement.

Nous avons expliqué dans notre Essai de psychologie sensible que l’intelligence est la perméabilité à l’expérience. Plus l’individu est sensible à ces expériences, plus les expériences réussies marquent dans son comportement, plus il progresse rapidement.

C’est en généralisant, en classe et hors de classe, la pratique du tâtonnement expérimental, en la rendant possible et efficiente qu’on éduque en définitive l’intelligence.

Test :

Processus intensif de tâtonnement expérimental tel qu’il est rendu possible par les techniques Freinet. VERT

Intensification progressive du tâtonnement expérimental dans le cadre cependant de la vieille pédagogie intellectualiste. ORANGE

Conception encore classique de l’intelligence par des pratiques scolaires scolastiques. ROUGE

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Balise 12

Adaptez vos usages du numérique à la sensibilité de vos élèves

L’idée-clé de cet invariant n° 14 de Célestin Freinet est la notion de perméabilité qui désigne « l’expérience des êtres vivants, qui les rend réceptifs aux circonstances rencontrées, capables de les analyser et de les évaluer, d’en tirer des leçons par essais, de prendre conscience des erreurs et des difficultés, et qui les rend capables de tâtonnement vers la recherche de solutions efficaces. » (Vergnioux, 2017).

 La perméabilité et les apprentissages

La perméabilité est donc propre à chaque enfant car chacun dispose d’une sensibilité singulière pour s’approprier une expérience et que, de facto, certains enfants comprennent, infèrent, questionnent, critiquent, réagissent ou s’agacent plus vite que d’autres face à un phénomène nouveau. Les enfants ne sont pas donc pas tous égaux quant à la vitesse et la profondeur d’acquisition des apprentissages générés par le tâtonnement selon cette variable de la perméabilité. Raison pour laquelle l’enseignant doit envisager, pour ces enfants moins perméables, des stratégies de différenciation comme la répétition de certaines activités pour mieux sédimenter certains acquis ou encore le fait de doter ces activités d’un contour ludique ou plus affectif.  Il nous semble pertinent, pour l’enseignant, de réfléchir une relation entre numérique et perméabilité via différentes hypothèses et pistes d’action.

La sensibilité numérique des élèves

La première l’hypothèse repose sur l’idée que le vécu numérique des enfants à la maison a une incidence sur leur sensibilité et aptitude à se tourner vers des expériences scolaires convoquant des outils ou des compétences numériques. La littérature scientifique dresse depuis plus de trente ans le portrait des différentes fractures numériques qui creusent certaines inégalités d’apprentissage. Dans une méthodologie par tâtonnement qui s’organise prioritairement sur un rapport personnel de l’enfant à l’expérience, il semble fondé de penser que l’expérience domiciliaire du numérique de chaque élève aura une incidence sur la capacité de l’élève à se rendre perméable ou non à des expériences scolaires convoquant le numérique. Par exemple, un élève déjà doté de certaines compétences instrumentales (1) sera mieux préparé à faire face à certaines difficultés techniques pendant une expérience. Soyons clair, le vécu numérique de l’enfant ne conditionne pas sa perméabilité mais disons que ces préacquisitions interviennent vraisemblablement pour aménager un environnement plus propice et plus sûr à l’exercice de cette sensibilité. Inversement, si l’élève a le sentiment (à tort ou à raison) qu’il est déjà complètement capable de réaliser l’expérience via des compétences acquises dans la sphère familiale, sa propension à tâtonner s’en trouvera affectée. L’enseignant aurait donc tout intérêt à établir un pré diagnostic du niveau de compétences (instrumentale, informationnelle et stratégique) des élèves pour calibrer son expérimentation et pour anticiper certaines stratégies de différenciation.

Le numérique pour contrecarrer un déficit de perméabilité

La seconde hypothèse relève d’une éventuelle capacité du numérique à intervenir efficacement au niveau des stratégies qui corrigent un déficit de perméabilité de certains élèves. Dans le cadre d’expériences menées en classe, les élèves formulent des hypothèses et les vérifient. En cas d’impasse, la part du maître est précisément d’intervenir adéquatement pour ouvrir le jeu à de nouvelles approches. Dans ce cadre, certaines ressources techniques et informationnelles du numérique peuvent être convoquées pour permettre à ces élèves moins perméables de comprendre des phénomènes par un autre biais, ce qui peut leur remettre le pied à l’étrier. D’autant plus que le numérique, dans certaines conditions, peut contribuer à renforcer la motivation des élèves. Dès lors, pour certains élèves démotivés par des difficultés d’apprentissage liées à un déficit de perméabilité à l’expérience, le numérique peut venir mettre un coup de fouet dans le cadre expérimental et éventuellement proposer des pistes alternatives.

Pour aller plus loin

La lecture de ce dossier: Numérique et apprentissages scolaires. Les usages effectifs du numérique en classe et dans les établissements scolaires (Fluckiger, 2020) permet de saisir l’extrême diversité  des usages numériques mis en œuvre dans les classes et de porter un regard sur certaines inégalités développées suite à une volonté d’uniformisation des pratiques et équipements. Il convient donc de mettre en perspective cette vision holistique du numérique avec une vision Freinet très singulièrement centrée sur la perméabilité de l’élève.

Vergnioux, A. (2017). La notion d’expérience. In Cinq études sur Célestin Freinet (p. 67‑78). Presses universitaires de Caen. http://books.openedition.org/puc/10545

(1) Les fractures numériques. Comment réduire les inégalités. Collection Au quotidien. Centre Permanent pour la Citoyenneté et la Participation. 2016. ?https://www.cpcp.be/wp-content/uploads/2019/05/fracture-numerique.pdf

Fluckiger, C. (2020) Numérique et apprentissages scolaires. Les usages effectifs du numérique en classe et dans les établissements scolaires. Cnesco. Consulté le 28 septembre 2022. https://www.cnesco.fr/wp-content/uploads/2021/02/210218_Cnesco_Fluckiger_Numerique_Usages.pdf

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