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Invariant n°7 de Célestin Freinet

Chacun aime choisir son travail, même si ce choix n’est pas avantageux.

Donnez un bonbon à un enfant. Il sera satisfait certes, mais n’en regardera pas moins avec envie le restant de la boîte. Présentez-lui la boîte pour qu’il choisisse. Il sera beaucoup plus satisfait, même si son choix n’est pas avantageux.

Là aussi, c’est la liberté qui colore de rouge, d’orange ou de vert la décision à intervenir.

Nous avons dit déjà comment pour la préparation du travail nous donnons aux enfants le choix des thèmes au lieu d’en faire d’autorité la distribution.

Cet invariant est une des raisons qui font le succès de nos fichiers auto-correctifs et de nos bandes enseignantes. Avec le manuel de calcul, l’enfant n’a aucune latitude. Les exercices à faire sont imposés par le livre ou par le maître. L’enfant n’a qu’à s’aligner sans rien dire.

Donnez aux enfants la liberté de choisir leur travail, de décider du moment et du rythme de ce travail et tout sera changé.

Imposez aux élèves un texte à lire et à étudier. Ils n’y ont ni appétit ni enthousiasme. Laissez-leur la liberté de choisir comme nous le faisons par le texte libre, le travail se fera alors dans un climat beaucoup plus favorable.

Ce principe, valable pour tous les individus, motive la survivance en France de l’artisanat. Au travail imposé à l’usine, l’ouvrier préfère son activité d’artisan, qu’il pratique à l’heure et au rythme qui lui convient, même si ce choix lui vaut des journées plus longues et plus fatigantes.

Test :

S’organiser et prévoir des techniques telles que l’enfant ait toujours l’impression de choisir son travail. VERT

Expérimenter ce choix libre au moins en français et en calcul. ORANGE

Pratiquer presque intégralement des travaux pour le choix desquels l’enfant n’a nullement été consulté. ROUGE

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Balise 9

Subdivisez le travail en plusieurs tâches sélectionnables

Comment préparer le numérique en fonction du rythme d’apprentissage des élèves ?

Un enseignant qui introduit le numérique en classe selon une approche Freinet peut interroger le potentiel des outils ou des pratiques numériques en regard de cet invariant n°7 de Célestin Freinet qui réclame la prise en compte des différents rythmes d’apprentissage des élèves. Plusieurs pistes s’offrent à lui pour préparer le numérique en regard de cette valeur forte de la pédagogie Freinet.

Le numérique pour soutenir la différenciation

Une première piste consiste à envisager les outils numériques comme outils de différentiation. Ils constitueraient une porte d’accès vers des ressources (en ligne ou non) qui offrent l’opportunité aux élèves, quand ils le souhaitent, de remédier à certaines difficultés d’apprentissage ou de se dépasser. L’enseignant doit, dès lors, préparer l’accès à ces ressources, ce qui induit une réflexion quant à la mise à disposition de ces outils dans la classe et quant aux types de ressources auxquelles les élèves auront accès.

Le numérique pour accompagner les techniques Freinet

Une seconde piste consiste à envisager une intervention du numérique dans le cadre de certaines techniques Freinet régulièrement pratiquées en classe par les élèves. Ces techniques ont l’avantage d’être déjà très préparées pour cette prise en compte du rythme d’apprentissage et le numérique viendrait alors les faciliter ou les moderniser. Les fichiers auto-correctifs peuvent être numérisés et de nouveaux fichiers peuvent être créés à l’aide d’outils d’édition. Dans le cadre de la technique du texte libre, une tablette numérique peut permettre à certains enfants qui le souhaitent d’enregistrer une lecture oralisée de leur texte pour demander ensuite à un pair des conseils pour s’améliorer.

Toute la question, pour l’enseignant, est d’évaluer la plus-value réelle de cette contribution du numérique à la technique. En effet, l’usage d’outils numériques va assurément générer des difficultés pour certains élèves moins familiers vis-à-vis de ces outils ou moins aptes à les utiliser.  Ces élèves risquent de se concentrer davantage sur l’usage de l’outil au détriment des apprentissages réellement ciblés par la technique. Dans notre exemple, un élève qui passe beaucoup de temps pour maîtriser une méthode d’enregistrement audio ne s’exerce pas à lire.

Des projets numériques subdivisés en plusieurs tâches

Une troisième piste pour l’enseignant consiste à préparer et à encadrer la réalisation de projets numériques innovants. Au niveau de sa réflexion méthodologique, cet enseignant peut calibrer la pratique afin que les élèves disposent de beaucoup d’autonomie au niveau de la sélection et de la durée des tâches à accomplir. En favorisant cette division du travail, l’enseignant va présenter aux élèves une boîte à bonbons qui contient un panel d’activités, numériques ou non. À charge alors de l’élève de choisir son travail dans le cadre du projet.

Une question importante pour l’enseignant qui encadre ce type de projets est de savoir comment concilier la liberté du choix et du rythme des activités des élèves avec l’accès aux compétences numériques.

Soit, il estime que chaque élève doit se confronter, au moins une fois, à chacune des tâches possibles dans le cadre du projet pour que cet élève ait l’opportunité de développer un maximum de compétences. De facto, il limite la liberté des élèves, car chacun est obligé de réaliser certaines tâches a priori non désirées ou non prioritaires à ses yeux.

Soit, il laisse l’élève libre de choisir parmi les tâches possibles celles qui l’intéressent le plus et l’élève se spécialise pour accomplir ces tâches précises. Dans ce cas, un certain nombre de compétences ne sont pas accessibles à cet élève qui dispose toutefois de davantage de temps pour s’exercer aux tâches sélectionnées.

Rotation des rôles ou spécialisation ?

Ce dilemme est très présent au niveau de la création de travaux audiovisuels, car ce type d’activités repose toujours sur une succession de tâches très diverses, mais toutes indispensables. Imaginons la réalisation d’une série de reportages vidéo à l’aide d’une tablette numérique par un groupe de 3 élèves : chaque élève peut tour à tour être le cadreur, le monteur ou encore l’intervieweur. Cette rotation des rôles est intéressante, car chaque fonction induit des compétences numériques à maîtriser (la manipulation technique d’un appareil numérique, la maîtrise de la prise de vue ou de son, la maîtrise du langage audiovisuel). A contrario, si l’enseignant offre aux élèves une liberté totale pour s’organiser, il est fort possible que l’élève timide fasse le choix de ne jamais être l’intervieweur et que l’élève peu habile techniquement soit systématiquement écarté des tâches de montage. Dans cette situation d’apprentissage, chaque élève se spécialise, mais certaines compétences lui échappent complètement.

Conclusion

Le choix de l’une ou l’autre de ces pistes et stratégies pour faire coïncider le numérique avec cette liberté de choix de l’enfant n’est donc pas sans effet sur les compétences numériques visées et développées. L’enseignant doit en tenir compte au moment de préparer sa pratique et veiller à ce que cette articulation entre liberté de choix et accès aux compétences soit féconde en termes d’apprentissages pour chaque élève.

Pour aller plus loin

Cet article de Philippe Meirieu pose bien les enjeux du travail de groupe notamment au niveau de la division des rôles et de l’impact de cette division sur l’acquisition des compétences par les élèves.

Meirieu, P. (2022). Travailler en groupe, oui… mais comment ?: L’école des parents, N° 643(2), 46‑48. https://doi.org/10.3917/epar.643.0046

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