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Invariant n°6 de Célestin Freinet

Nul n’aime se voir contraint à faire un certain travail, même si ce travail ne lui déplaît pas particulièrement. C’est la contrainte qui est paralysante.

Le premier mouvement de l’enfant ou de l’adulte à qui on commande d’autorité: Fais cela ! est de dire automatiquement : non !

Là, réside partiellement au moins, l’explication de cette période d’opposition qu’on note chez les enfants de 7 à 9 ans. C’est l’âge où l’adulte, sous le prétexte de discipliner l’enfant, tient à marquer son autorité par le commandement brutal qui incite ou oblige à cette obéissance passive que trop de parents ou de maîtres croient indispensable à toute éducation virile.

Alors se livre une sorte de combat entre l’enfant qui veut expérimenter et vivre dans le sens de ses besoins et l’adulte qui veut le plier à l’obéissance.

L’opposition systématique est une phase de cette lutte. L’enfant se pliera ensuite, s’il se discipline. Il y a ceux qui n’acceptent pas span class= »focus-link »>cette autorité brutale et qui seront les insoumis, les fortes têtes, les inadaptés, avec toutes les complications individuelles et sociales qui en découlent.

Il résulte de cette opposition que certaines activités – les scolaires plus particulièrement – se recouvrent d’une sorte de voile maléfique, parce qu’elles sont commandées. On désapprend ainsi le travail ; ainsi naissent des phobies, des anorexies et des complexes graves qu’une bonne pédagogie éviterait.

Test:

S’abstenir de tout commandement strictement autoritaire. Trouver d’autres voies exaltant le travail voulu. VERT

Réduire progressivement le commandement, supprimer les alignements et les bras croisés. ORANGE

En rester à la forme habituelle de discipline et de commandement, même si l’autorité en est atténuée. ROUGE

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Balise 6

Tenez compte des besoins et des envies des élèves

Partir des besoins et envies des élèves pour éviter des tensions

Cet invariant invite l’enseignant Freinet à ne jamais commander d’autorité la réalisation d’une tâche sans quoi les conséquences pourraient s’avérer néfastes pour l’élève. Ce dernier risque d’entrer dans un cycle de « luttes » avec son enseignant voire même de développer des troubles médicaux et psychosociaux.

Depuis que l’école existe, les enseignants ont à gérer le refus de certains élèves de s’engager dans des activités. La tension s’opère toujours entre le fait d’être sensible à la demande de l’élève et la perspective de le voir ne rien apprendre. Dans le domaine du numérique, les enseignants rencontrent bien évidemment ce type de difficultés. Certains élèves refusent de monter à l’avant de la classe pour utiliser le TBI, souvent par peur de mal faire. D’autres sont paralysés à l’idée de faire face à la caméra dans le cadre de la réalisation d’un reportage pour une webtv scolaire. Comment dès lors garantir le succès de la pratique sachant que des élèves refuseront la réalisation de certaines tâches ?

L’exemple de l’imprimerie

Pour répondre à cette question, repartons de quelques lignes de Freinet à propos des premiers jours de l’imprimerie : « il n’était nullement dans mon esprit de contraindre les élèves au travail de composition s’ils n’en sentaient ni besoin ni envie. Cette éventualité se serait-elle produite, j’aurais simplement rentré ma presse, persuadé que cette technique, quels qu’aient pu être par ailleurs ses avantages, n’était pas une technique recommandable à l’école nouvelle. »[1]

Très clairement, Freinet évoque le besoin et l’envie des élèves comme vecteurs de légitimité de la technique en classe. Pour le dire autrement, les élèves ont bien été « contraints », par Célestin Freinet, de pratiquer l’imprimerie en classe, mais cette contrainte a été légitimée parce que les élèves et leur enseignant avaient envie d’imprimer et qu’ils en percevaient, à priori l’utilité.

Cette articulation entre besoins et envies des élèves et des enseignants n’est pas simple à gérer dans le domaine du numérique pour plusieurs raisons.

L’élève peut-il exprimer des besoins et envies dans le domaine du numérique ?

La première raison tient à la rupture de certaines pratiques numériques par rapport à des apprentissages plus courants à l’école. Quand les élèves de 1924 plébiscitent l’imprimerie, c’est vraisemblablement parce qu’ils sont capables de mesurer le potentiel de la pratique pour améliorer, diversifier et communiquer des pratiques déjà éprouvées de lecture et d’écriture de textes. L’envie et le besoin se construisent donc sur une forme de continuité de pratiques scolaires dont, du reste, la légitimité est évidente aux yeux des élèves et de l’enseignant. Lire et écrire, c’est important.

Mais qu’en est-il du codage, de la manipulation de robots, de la construction de cartes sonores interactives, du webdesign ? Ces pratiques se répandent dans le monde scolaire, mais répondent-elles vraiment à des besoins et des envies des élèves comme des enseignants? Leur présence dans nos écoles n’est-elle pas le dessein d’autres acteurs influents issus des mondes politique et socio-économique ?

L’enseignant doit-il partager les mêmes besoins et envies que ses élèves ?

La seconde raison tient à la distance qu’il peut y avoir, dans le domaine du numérique, entre les besoins / envies des élèves et la vision du maitre. Même si Freinet est convaincu du potentiel de l’imprimerie, il n’avait pas la certitude que ce potentiel intéresse ses élèves avant de commencer. Avec les outils numériques modernes, Un enseignant peut parfaitement attribuer à un outil une forme de réponse à l’un de ses besoins ou l’une de ses envies, sans pour autant que cela corresponde à des besoins et des envies d’élèves. Prenons le cas de l’usage du TBI. Un enseignant peut y voir l’opportunité d’amener certains élèves à mieux comprendre la représentation spatiale des formes ou encore la possibilité d’intervenir physiquement sur des images pour mettre en évidence certaines de leurs caractéristiques. Cette pratique est-elle pour autant un besoin et une envie de tous les élèves de la classe sachant que certains élèves sont déjà très à l’aise avec la géométrie et que d’autres n’ont que faire des bases de composition d’une image ?

Inversement, un groupe classe peut parfaitement démontrer un besoin et une envie d’investiguer le domaine des jeux vidéo sans pour autant que l’enseignant ne perçoive une quelconque utilité. S’exerce dès lors une forme de contrainte par la négation, les élèves sont obligés de renoncer à une pratique parce que l’enseignant la considère inutile.

Ces cas de figures sont d’autant plus fréquents que, au niveau du numérique, les besoins et les envies diffèrent considérablement selon l’âge et le degré d’expertise des usagers. Si un enfant de 5 ans peut déjà expliciter un besoin et une envie de lire ou de compter, sa manière d’envisager et d’utiliser les outils numériques est bien loin de certaines considérations d’adultes. Comment dès lors construire ce continuum d’envie et de besoins entre l’ensemble des acteurs de la classe ?

Conclusion

Par conséquent, pour éviter un commandement autoritaire de l’enseignant dans le domaine du numérique, il convient vraisemblablement de mobiliser (Delamarre, 2007) tous les acteurs de la classe, c’est-à-dire créer un environnement de travail structuré en amont autour de l’expression singulière des besoins, désirs et craintes des élèves comme de l’enseignant à l’égard de l’usage numérique cible.

Pour aller plus loin

Je vous conseille la lecture de l’article placé dans la bibliographie. L’auteur développe cette notion de mobilisation et propose plusieurs pistes pour organiser cette mobilisation en classe.

 

[1] FREINET, C. (1927) L’imprimerie à l’école. Boulogne : E. Ferrary éditeur.

Delamarre, P. (2007). La mobilisation des élèves ?Une passerelle entre le désir de savoir et la volonté d’apprendre. Enfances & Psy, 34(1), 134‑143. https://doi.org/10.3917/ep.034.0134

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