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Invariant n°4 de Célestin Freinet

Nul l’enfant pas plus que l’adulte n’aime être commandé d’autorité
Il y a là une sorte de réflexe tout à la fois physiologique et psychologique.

Quand vous vous aventurez dans un chemin, c’est que « tout compte fait » vous jugez bon d’y aller. Si vous n’êtes pas sûr que ce soit une bonne direction, vous tâtonnez, vous avancez timidement, ou vous rebroussez chemin pour repartir ensuite. Mais si quelqu’un vous pousse, vous avez le même réflexe que lorsque, prêt à plonger au bord du bassin, une main suspecte vous fait perdre l’équilibre. Instinctivement, mécaniquement, vous faites l’effort inverse pour résister à la poussée et rétablir votre équilibre.

Cette loi est générale. Elle ne souffre pas d’exception ni au point de vue physiologique, ni pour notre comportement moral, social ou intellectuel.

Nous sommes tous ainsi, et c’est pourquoi tout geste, tout commandement d’autorité entraîne une opposition comme automatique de celui qui les subit : il rougit, ou il amorce un geste de résistance peut- être vite réprimé, ou bien il est troublé dans le déroulement de ses pensées et de ses sentiments.

Il en résulte que, par principe tout commandement d’autorité est toujours une erreur.

On dira que l’enfant n’est pas suffisamment expérimenté et qu’il nous faut bien l’orienter et le pousser parfois là où il ne voudrait pas aller. L’erreur n’en subsiste pas moins. A nous de chercher une pédagogie dans laquelle l’enfant choisit au maximum la direction où il doit aller et où l’adulte commande le moins possible d’autorité.

C’est ce que s’efforce de faire notre pédagogie en donnant au maximum la parole à l’enfant, en lui laissant individuellement et coopérativement, une initiative maximum dans le cadre de la communauté, en s’évertuant à l’entraîner plus qu’à le diriger.

Lorsque nous préparons notre Plan de travail, nous présentons à la classe 3, 4 thèmes que les enfants, ou les équipes vont étudier.

Pour la répartition des thèmes il y a deux façons d’agir : l’autoritaire, habituelle à l’Ecole traditionnelle qui commande :

Thème n°1 X Thème n°2 Y Thème n°3 Z

Aucun des enfants ne sera satisfait.

Au lieu de cela nous disons : voilà trois thèmes à traiter. Choisissez chacun celui qui vous intéresse. On attribue les thèmes selon la demande. Les derniers prennent forcément le thème qui reste.

La part de choix, en l’occurrence, a été fort limitée. Mais les enfants n’ont pas été poussés autoritairement. Ils sont satisfaits. Si nous imposons un texte à l’enfant, il y aura automatiquement opposition. Offrons la liberté de choix et tout rentrera dans l’ordre.

Oui mais, nous dira-t-on s’il n’y a plus d’autorité ! C’est une autre question que nous résolvons d’une façon satisfaisante.

Commander d’autorité est une erreur. Eviter l’erreur sera toujours salutaire.

Test :

Vous avez prévu dans votre classe une pédagogie sans

commandement autoritaire. VERT

Vous cherchez une solution mitigée avec un reste d’autorité

et un essai de libéralisation ORANGE

Vous préférez encore commander d’autorité en toutes circonstances. ROUGE

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Balise 5

Incluez l’élève dans le processus de décision

Ne pas choisir d’autorité

En pédagogie Freinet, selon l’invariant n°4, ce choix d’usage du numérique devrait relever d’une décision collective de la classe et non pas d’un geste d’autorité de l’enseignant décidant seul. Sur le terrain, plusieurs freins importants viennent impacter cette capacité de l’enseignant à organiser la prise de décision commune d’une classe d’intégrer ou non le numérique dans les apprentissages et de décider ensemble des pratiques numériques à conduire en classe.

Le matériel disponible restreint le choix

Le premier frein réside dans le caractère matériel du numérique. Beaucoup de pratiques numériques réclament l’usage de certains équipements pas nécessairement présents dans les classes. Le matériel limite donc cette liberté de choix dans le domaine des pratiques numériques. À ce propos, une série d’appels à projets permettent de bénéficier de fonds pour monter un projet spécifique dans une classe. En fédération-Wallonie-Bruxelles, citons rapidement les dispositifs de la cellule Culture-Enseignement, les appels à projets « École numérique »ou encore les initiatives du Conseil Supérieur de l’Éducation aux Médias (CSEM).

Le niveau d’habilité numérique de l’enseignant est un frein potentiel

Le second frein relève du profil numérique de l’enseignant. L’état de ses connaissances ou son degré de maitrise des compétences numériques risquent d’orienter, même inconsciemment, son écoute face aux propositions des élèves ainsi que les propositions qu’il va lui-même formuler. Ici, c’est l’enseignant qui présente le risque d’être un frein à la liberté de choix des pratiques, soit parce qu’il va choisir en fonction de ses domaines d’expertise ou de ses centres d’intérêt, soit parce qu’il va faire le choix, ne se jugeant pas suffisamment capable, de ne pas développer d’usage du numérique en classe. Quoi qu’il en soit, son aptitude personnelle, liée à sa maitrise ou non des outils numériques, entravera nécessairement le panel de choix.

Les ressources officielles sont encore très peu connues des enseignants

Le troisième frein provient du peu de maîtrise des enseignants au niveau des programmes ou référentiels qui stipulent ce qu’il convient d’étudier (ou non) ou de savoir-faire (ou non) en matière de numérique en classe. Certaines de ces ressources ont été publiées très récemment et l’enseignant Freinet, comme tout autre enseignant, a peu de repères pour identifier la direction où il doit aller en matière de numérique scolaire. Et comme de surcroit les outils évoluent constamment, les enseignants éprouvent beaucoup de difficultés pour identifier, parmi la très grande diversité des pratiques possibles, celles qu’il conviendrait de proposer aux élèves. À ce propos, mentionnons rapidement que le référentiel du cours de formation manuelle, technique, technologique et numérique (FMTTN) propose un cadre de compétences numériques inscrites au cœur du tronc commun.

Si les freins détaillés ci-dessus restreignent et compliquent la mise en œuvre du processus décisionnel de la classe quant aux choix de pratiques à expérimenter, d’autres repères propres au champ Freinet d’enseignement peuvent aider pour orienter le groupe classe dans ses choix.

Les piliers de la pédagogie Freinet comme repères pour opérer un choix de pratique

 Un premier repère revient, pour l’enseignant, à se demander comment le numérique peut enrichir chacun des 4 piliers de la pédagogie Freinet : l’expression libre, la coopération, les techniques éducatives et le tâtonnement expérimental (1).

L’avantage, pour l’enseignant, est que ces 4 piliers forment un substrat commun à la classe qui se traduit déjà par plusieurs activités pédagogiques routinières. L’enseignant peut donc proposer aux élèves de réfléchir sur la manière dont le numérique pourrait contribuer à moderniser ces activités pédagogiques. Comment imaginer l’usage du numérique dans le cadre de la pratique du texte libre ? Comment moderniser le journal de la classe avec des outils numériques ? Voici des questions qui peuvent déboucher sur des propositions d’actions codécidées par l’enseignant et les élèves.

La citoyenneté numérique comme repère pour guider le choix de la pratique

Un second repère revient à approcher le numérique par son versant culture et citoyenneté. En effet, la pédagogie Freinet est une pédagogie émancipatrice pour l’enfant qui place les pratiques de démocratie participative au cœur de son action pédagogique. Par conséquent, toute action qui relève d’une éducation à la citoyenneté numérique (2) semble entrer en résonance avec cette dimension de citoyenneté participative chère à Freinet. N’est-ce pas là également une belle opportunité pour un groupe classe Freinet d’identifier ensemble des pistes d’action dans le domaine des apprentissages numériques?

Pour aller plus loin

Je vous conseille l’article proposé ci-dessous qui commente la pratique numérique « I-Voix » s’inscrivant dans le champ des compétences en matière de citoyenneté numérique. L’occasion de découvrir ce champ de compétences via un exemple très concret d’une production faite en classe.

(1) Connac, S (2009). Apprendre avec les pédagogies coopératives. Démarches et outils pour l’école. Éditions E.S.F.

(2) Le Baut, J.-M. (2021). Former à la citoyenneté numérique. À la lumière du projet lycéen i-voix. Administration & Éducation, 172(4), 83‑88. https://doi.org/10.3917/admed.172.0083

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